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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 03:33

La France vient de franchir le seuil fatidique de 1700 milliards d’euros d’endettement : elle est en faillite, sinon aujourd’hui, demain, inexorablement.

Cette série d’articles vise à démontrer la spécificité de la dette française quant au cumul de la dette avec l’impôt (I), quant au volume hors contrôle de la dette (II), quant à la structure insoluble de la dette (III) et enfin quant à la philosophie de la dette (IV) qui sont les quatre raisons de son impossible apurement

 

IV LA PHILOSOPHIE DE LA DETTE

Qu’est ce que la philosophie de la dette ?

Dans un premier article, il a été soutenu que la dette, pour être cumulée avec des taux d’imposition a maxima, était devenu un brasier hors contrôle.Dans un deuxième article que ce brasier avait une croissance exponentielle.Dans un troisième article, que ce brasier était définitif à cause de la persistance des handicaps organisationnels d’un État obèse et de l’addiction de la classe politique au recours au prêt.

Où est la philosophie dans tout cela ?

Partout.

Et où est "la spécificité" française de "sa philosophie" ?

Juste dans une toute petite différence de lecture   mais qui fait toute la différence.

La philosophie de notre enrichissement et de notre endettement.

Lorsque la dette devient un brasier, c’est la moindre des choses que de s’interroger sur ses causes et les mécanismes qui l’ont faite s’enflammer, et au-delà, sur les valeurs morales et les paradigmes idéologiques qui l’ont provoquée.  Ou alors, disons tout de suite que la dette ne nous intéresse pas, préférant ainsi en mourir demain que de la combattre dès aujourd’hui.

La philosophie de la dette ne rappelle qu’une seule chose : quand on est malade on se soigne.

C’est ce qu’essayent avec courage les U.S.A. avec la Commission Angelides et c’est évidemment sur AGORA VOX que  vous en trouverez le compte rendu le plus détaillé, intelligent et constructif qu’il ait pu en être fait jusqu’ici sous la brillantissime plume de notre incomparable Cheminade http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

Lequel, avec la rigueur et l’humour qu’on lui connait, n’a pas oublié, par comparaison, de donner un petit coup de patte mérité à la commission d’ enquête de l’Assemblée nationale sur le même sujet, qualifiant son rapport de "grisâtre", une litote polie pour dire que l’Assemblée, par solidarité corporatiste avec ses ainés, nous avait encore gratifié d’un pavé illisible, un non rapport, sur une dette phénoménale provoquée  par leur incurie, soit l’examen le plus complet des non causes  d’une dette que l’on ne veut pas voir, non plus que de ses mécanismes, qu’il ne faut surtout  pas comprendre,  sauf à prendre le parti de reconnaitre trente ans de ses propres fautes.

Lisons bien Cheminade.

La philosophie de la dette depuis Cro-Magnon était assez simple, quoique théorisée bien après sa naissance : elle est l’inverse de la philosophie de l’enrichissement

La philosophie de l’enrichissement c’est :

1 : Le Travail est source de toute richesse

2 : Car c’est lui qui créé l’Épargne.

3 : C’est l’épargne qui finance le Capital.

4 : Et c’est le Capital qui finance et permet  le Travail.

Vous pouvez discuter de l’organisation collective (les Mayas) ou non du travail (le libéralisme). Des titulaires sociologiques de l’épargne (Les Laboratores sous l’Ancien régime, les bourgeois au XIXe siècle ; non il y a une différence…et pas à l’honneur de la république).

Vous pouvez, par une politique de taxation ou non de l’épargne inerte, celle thésaurisée, la diriger ou non vers son objet, le capital d’entreprise (taxation des transactions sur l’or).

Vous pouvez  à la rigueur discuter du contenu et du périmètre entrepreneurial ou non du capital, en partie ou presque totalité. Vous pouvez même discuter de la propriété collective ou non de ce capital selon que vous estimez que ce mode d’organisation et de répartition serait le plus à même de servir le travail (Union soviétique, politique de la NEP).

Vous pouvez entre ces trois notions inventer toutes les notions intermédiaires, dirigistes ou non, qui vous paraitront les mieux à même de servir le cycle "Travail Épargne Capital Travail" (capitalisme d’État de Colbert, interventionnisme de Roosevelt, politique keynésienne de relance etc.)

Mais vous ne pouvez pas, de l’extrême droite à l’extrême gauche,  remettre en cause cette trilogie, la Sainte trinité de l’Économie, qui se réduit à cet aphorisme :

Le Travail pourrait encore tout sans le Capital.Alors que le Capital ne peut rien sans le Travail et l’Epargne.

Aboutissant à cette Valeur unique : Le Travail, source de toutes richesses.

La philosophie de l’endettement.

L’histoire dira que lorsque les trente glorieuses furent épuisées, soit après la crise pétrolière, nous sommes rentrés dans une période de saturation progressive des marchés contre laquelle nous avons lutté à force d’innovations technologiques, de conquêtes de marchés extérieurs, de relance de la consomation,  de concentrations capitalistiques. Mais toujours à un coût croissant pour une baisse tendancielle du taux de profit.

L’idée germa alors que si nous pouvions disposer d’une masse monétaire inépuisable ce kérosène dans le carburateur ferait immanquablement repartir le moteur. L’idée était très simple et apparemment judicieuse :

-depuis 1933, aux États-Unis, la loi Glass-Steegall avait interdit, par prudence et parce que chat échaudé craint l’eau,  que les banques de dépôt (qui ont les sous) fassent le métier des banques d’affaires (qui ont le savoir faire de la spéculation). Et réciproquement, que les banques d’affaires fassent et utilisent des prêts c’est-à-dire le métier des banques de dépôt. Un apartheid professionnel pour que tout le monde vive en paix. Tout le monde s’en était satisfait aussi longtemps que chacun trouvât suffisamment d’herbe bien grasse dans son champ.  http://www.une-opinion.com/?p=136

-Mais lorsque les marchés commencèrent à saturer de partout, peut-être par keynésianisme mal compris, ou appât du gain, on fit sauter l’interdiction : les banques de dépôt eurent le droit de faire le métier des banques d’affaires et les banques d’affaires de faire celui des banques de dépôt. En termes plus clairs : on mettrait de la spéculation jusque dans les prêts (les subprimes) et des prêts  dans la spéculation (les effets de leviers). Mieux : on permettrait à toutes les banques de faire tous les métiers de banques, et à tous de spéculer.

Ce qui revenait à dire qu’on mettrait artificiellement une exponentielle à tous les métiers et les amateurismes de la finance.

Eh bien, d’un point de vue financier, ça a très bien fonctionné et pour vous en convaincre il suffit de reporter un œil sur les cours de bourse de la période, l’abolition de la séparation étanche entre métiers de dépôt et métiers de spéculation datant de la présidence Clinton en 1999 :

Vous voyez bien la saga internet à partir de 1995 sur un CAC 40 à 2000 pts. puis la flambée des cours en 1999 avec l’abolition de la loi Glass-Steegall à 4500 pts et le sommet à 6600 pts en un temps record. L’effondrement des cours. jusqu’à 2650 pts ; La remontée jusqu’à 6000 en 2008 ; puis la nouvelle crise...Moralité : la bourse exagère tout mais finit toujours par vous dire la vérité

Que retenir de l’abolition de la loi Glass ? D’un point de vue économique et social il faut dire que ce fut une erreur tragique puisque cette réforme a plus sûrement cassé l’outil et les emplois que la simple mondialisation.

Surtout, du point de vue idéologique l’abolition a substitué une société où la sainte trinité était de tout temps :

Travail-Epargne-Capital

En société aux valeurs inverses :

Oisiveté- Spéculation- Endettement.

Il fallait spéculer pour gagner plus facilement de l’argent, puisque le travail était de plus en plus difficile et de moins en moins bien rémunéré ; pour spéculer il fallait s’endetter et utiliser  les effets de levier indispensables à la spéculation, jusqu’à cinq, pour les professionnels dix fois la mise. Des quantités pharaoniques de kérosène ont été ainsi injectées sur tous les marchés. Même immobiliers. Tout a été financiarisé. Une économie de bilans. A partir de là, il ne servait plus à rien de travailler ou faire travailler : trop de soucis, pas assez rémunérateur ; sous traitons plutôt aux Chinois, moins chers ;  et spéculons : à outrance.

Voilà : le moteur a lâché.

Et nous n’avons pas fini de nous en apercevoir.

Le travail, en même temps que la civilisation, a ainsi changé d’océan : il est passé de l’Atlantique au pacifique.

Car quels sont ceux qui ont tiré les marrons du feu de cette bérézina de l’économie occidentale ?

Les Chinois, l’Asie. Seulement eux.

Pour une raison parfaitement logique, une démonstration in situ de la véracité de la thèse : ils sont restés fidèles à la Trinité idéologique de l’Économie  bien qu’il leur en coûtât car il leur en coûta : au moins les efforts pour y parvenir  ( le "coûtât, coûta" je l’ai fait exprès c’est pour Cheminade qui se plaint de l’appauvrissement de la grammaire et du vocabulaire en France : on ne parlerait plus que "koi-koi" couramment) :

Travail-Épargne-capital.

Vous croyez que les hérauts de la spéculation sont riches ? Ils sont ruinés. De General Motors à la City Bank. Vous pensez que la B.N.P., la Société générale sont  saines ?  Elles sont vermoulues.

Pour avoir mis de la spéculation, de l’endettement, et donc  de l’oisiveté partout, jusqu’à  subventionner cette dernière pour s’en excuser, nos sociétés sont au dernier stade de la tuberculose de leur endettement.

Quand Bush, Ouistiti ou Strauss-Kahn vous disent "la croissance de demain épongera le prêt d’aujourd’hui" ils spéculent encore sur demain et vous endettent toujours depuis hier.

Ne les croyez jamais ; ces faux prophètes de la prospérité nous tuent en même temps qu’ils se ruinent.

La spécificité française.

Vous vous rendez-compte : il va falloir tout reconstruire, rapatrier nos usines, rembourser nos prêts. Un chantier de trente ans de sueur pour dix ans d’illusions.

Et du côté français,en plus,  trente ans d’atermoiements.

Car il y a une petite différence entre les Français et les Américains. Pas de vertu, loin s’en faut. Ou pas à notre avantage.

Mais de départ et d’ordre de lecture.

Dans le cycle proprement démoniaque, l’inverse de notre idéal civilisationnel :

Oisiveté-Spéculation-Endettement,

Les Américains ont commencé leur lecture à "Spéculation" ; donc ils se sont endettés ; donc ils ont abandonné la valeur travail. Mais dans ce schéma, il faut le relever, "l’Oisiveté" n’est pas une vertu  proclamée mais une simple conséquence subie.

Sans doute regrettée.

Ce qui veut dire que chez les Américains, in fine, le Travail est resté une valeur. leur valeur. Malgré leurs spéculations outrancières

Sans doute ce qui les sauvera et tous ceux qui les imiteront.

Les Français n’ont pas cette chance. Ils ont commencé leur lecture des valeurs inversés, bien avant les Américains, et n’ont pas fait porter le centre de gravité de leur erreur sur la Spéculation mais sur l’Oisiveté qui, chez eux, plus tôt et plus fortement que tout autre en occident, a été organisée et financée comme une Vertu.

Un dogme.

Cause philosophique unique de tous leurs endettements.

Partout : de l’école (abandon des notations) à l’entreprise (les 35 heures, la retraite anticipée ou obligatoire). Le tout gratuit pour tous (A.M.E) ; la médiocrité, l’abandon est assistée, excusée, subventionnée, encouragée.

Les vernis idéologiques, d’ailleurs contradictoires,  qu’il fallut passer sur les réformes pour les justifier n’ont aucun intérêt : outre qu’elles sont évidemment fausses, en plus de se contredire, le fait est que vous pourrez justifier comme il vous plaira l’oisiveté puisqu’une fois installée, elle est.Tout simplement.

Infiltrée partout. Partout chez elle.

Une maladie sanguine du corps social..

C’est pour la financer que nous sommes endettés et pour rembourser nos prêts que nous sommes initiés à la spéculation : une lecture en sens inverse d’une trinité inversé.

Un comble.

Ca sauvera peut-être la B.N.P. de la faillite.

Mas pas la France de l’endettement.

Lui, l’endettement,   ira en empirant, aussi longtemps que nous idolâtrons l’Oisiveté.

La société d’assistés.

A commencer par nos politiques.

Mais bien sûr qu’ils ne produisent plus rien et ne sont plus qu’attachés à leurs protections d’assistés.

Les premiers et les plus assistés avant tous.

Depuis toujours.

Puisqu’ils n’ont promu l’oisiveté pour leurs électeurs que pour mieux se la garantir à eux-mêmes.

N’est-il pas ?

La spécificité de la philosophie de la dette française : définitivement insoluble…

François DESVIGNES




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commentaires

U
<br /> Bonjour. J'ai lu sur le blog de Pierre Jovanovic, que la république française est endettée, parce que le président George Pompidou, l'employé de la banque Rothschild, a fait une loi inique en<br /> 1973 qui a forcé l'état français a emprunté de l'argent avec des intérêts aux banques privées. C'est une trahison envers les français de France, ils n'ont pas demandé l'avis des français (à nos<br /> parents) pour faire cette loi horrible en 1973 qui ruine la France, ce ne sont pas nos dettes à nous. Pourquoi veulent-ils que nous remboursions ce que nous n'avons pas emprunté? Les banquiers<br /> sont des escrocs, des sales voleurs qui sont maudits par leurs victimes et par Dieu, ils vont en<br /> enfer.                                                                                                        <br /> Salut cordial.                                                  <br />      <br />                                      <br /> Béatrice Berthelage-Hervé à Champigny sur Yonne en Bourgogne<br />
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  • Royaliste exilé en ASIE ; j'y travaille dans un cabinet d'avocats ; j'ai écrit un livre (Demain en France, le Roi, ed Benevent).Un autre en prerparation sur la Pax Francia; je collaborre à mes heures perdues à différents medias sur le web.
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